Aucune voix ne doit être oubliée : des captations audio pour sauvegarder les langues en danger

Aucune voix ne doit être oubliée : des captations audio pour sauvegarder les langues en danger

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Aucune voix ne doit être oubliée : des captations audio pour sauvegarder les langues en danger

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Alors que des milliers de langues sont condamnées à disparaître d'ici la fin du siècle, des chercheurs de l'institut LIVING TONGUES se mobilisent pour documenter les langues les plus menacées dans le monde.

Dans un village indien animé, où les gens discutent tout en vaquant à leurs occupations quotidiennes, il ne paraît pas évident que la langue locale soit menacée d'extinction.

Mais le Dr Luke Horo, chercheur en phonétique pour le Living Tongues Institute for Endangered Languages, est parfaitement conscient que dans le pays le plus peuplé du monde, de nombreuses langues connaissent un déclin précipité ou pourraient disparaître complètement dans les décennies à venir.

Avec ses collègues, ils documentent la famille de langues munda, présente dans l'est de l'Inde, au Népal et au Bangladesh, tout en essayant de sensibiliser à la situation précaire dans laquelle se trouvent les langues austro-asiatiques. Peut-être plus important encore, les linguistes donnent également aux personnes de langue maternelle locale les outils nécessaires pour renforcer elles-mêmes leur patrimoine culturel.

« Nous créons des archives d'enregistrements haute-fidélité que la communauté peut utiliser pour préserver sa langue et la transmettre aux générations suivantes, » explique le Dr Horo.

Selon Living Tongues, près de la moitié des 7.000 langues du monde risquent de disparaître d'ici 2100. Dans certaines de ces communautés, la langue est menacée parce que le nombre de personnes la parlant couramment diminue ; d'autres sont confrontées à l'assimilation dans les idiomes nationaux dominants.

Fondée en 2005 par le Dr Gregory D. S. Anderson, l'association à but non lucratif Living Tongues (langues vivantes) compte aujourd'hui des équipes qui travaillent dans le monde entier à la sauvegarde des langues les plus menacées. Financé en grande partie par des dons et des subventions, le groupe adopte une double approche pour mener à bien sa mission, combinant recherche linguistique académique et activisme communautaire.

Le Dr Anderson incarne parfaitement cette philosophie. Il est aussi bien capable d'expliquer des concepts linguistiques complexes que de débattre de l'impact profond des facteurs socio-économiques sur de nombreuses communautés linguistiques vulnérables.

Un choix injuste

« Toutes les communautés menacées ont en commun le sentiment d'être confrontées à un choix injuste : soit elles abandonnent leur identité pour s'épanouir socialement et économiquement, soit elles la conservent et resteront en retrait, » analyse le Dr Anderson.

Même si une reconnaissance et un soutien officiels sont importants, il ajoute que les gens ne peuvent malheureusement pas compter uniquement sur leurs gouvernements respectifs pour protéger les langues en danger.

Établi dans le nord-ouest du Pacifique, niché derrière des fermes d'arbres de Noël tout au bout d'une allée bordée de sapins imposants, cet affable linguiste rassure d'abord les visiteurs en leur disant que son pitbull fait une promenade, avant de décrire l'importance cruciale que revêtent les actions de terrain pour la mission de Living Tongues.

« Il n'y aura jamais suffisamment d'argent dans ces pays pour faire tout ce qu'il faut et il n'y aura jamais non plus suffisamment de linguistes extérieurs formés pour ce genre de travail, » précise-t-il. « La seule solution envisageable et évolutive a donc été d'apporter la connaissance de la documentation linguistique aux communautés elles-mêmes et de leur fournir des outils gratuits pour les contrôler. »

Création de dictionnaires vivants

L'un des principaux outils est la plateforme en ligne Living Dictionaries, que le Dr Anderson et ses collègues ont créée et améliorée depuis plusieurs années. Il s'agit d'un outil de création de dictionnaires multimédias gratuit, adapté aux téléphones portables, pour plus de 400 langues sous-représentées comme le diegueño du Nord, ou 'iipay aa, une langue amérindienne encore parlée près de San Diego, en Californie, ou le santali, parlé dans le village indien où travaille le Dr Horo.

La plateforme comprend aujourd'hui quelques 209.000 entrées de dictionnaire, dont 59.000 ont été ajoutées rien qu'en 2023. Ce sont des centaines de “citoyens linguistes”, membres actifs et engagés de la communauté linguistique, qui contribuent à la croissance rapide de la plateforme et à l'enregistrement des exemples vocaux de haute qualité des entrées du dictionnaire.

« L'audio est extrêmement important pour nous et nous adorons les produits Shure, » ajoute le Dr Anderson, en soulignant l'importance des microphones serre-tête utilisés par Living Tongues pour les travaux de phonétique. « Ils sont très fiables et nous n'avons jamais eu de problèmes avec. »

Des tests avec le MoveMic

Lors de la récente mission du groupe en Inde, les chercheurs ont également pu tester le nouveau micro-cravate MoveMic de Shure. Ce système sans fil compact et puissant permet aux chercheurs de Living Tongues d'enregistrer le son directement sur leurs smartphones.

« Lorsque nous parlons d'analyse linguistique, nous avons vraiment besoin d'enregistrer un échantillon représentatif de bonne qualité. Les micros-cravates MoveMic sont parfaitement adaptés à nos besoins, » observe le Dr Horo. « Ils sont compacts, discrets et faciles à utiliser, ce qui signifie que les personnes peuvent parler naturellement sans être distraites par le micro. »

Ses collègues s'accordent à dire que la combinaison d'un petit microphone doté d'une pince, capable de capter facilement un son de qualité professionnelle fait du nouveau système sans fil un outil idéal pour les chercheurs sur le terrain.

« Je pense que le système MoveMic est excellent pour les enregistrements spontanés, de conversations ou de témoignages, » ajoute le Dr Anderson, avant d'expliquer comment son équipe l'a récemment utilisé en Inde pour explorer les complexités du santali, une langue munda.

« Nous essayons de faire correspondre des structures à des modèles sonores. Il y a parfois un décalage entre ce que la grammaire génère et ce que notre système d'analyse sonore considère comme un mot. »

Soutien du multilinguisme

Shure soutient la mission de Living Tongues en fournissant des équipements audio comme le MoveMic et en réalisant un don financier. Les dons privés peuvent être effectués ici. Interrogé sur les autres mesures à prendre pour contribuer à la sauvegarde des langues en danger, le Dr Anderson marque une pause avant de répondre que soutenir le multilinguisme est essentiel pour développer une plus grande acceptation culturelle des langues marginalisées.

« Autrefois, parler plusieurs langues était la norme », rappelle-t-il, en précisant qu'il a été démontré que la fierté des populations à l'égard de leur propre patrimoine linguistique a des effets bénéfiques directs sur la société.

Il suffit d'écouter une jeune Indienne parler de sa culture pour comprendre tout ce que nous perdons lorsqu'une langue disparaît : « Ce serait formidable de pouvoir faire des études en santali, » témoigne-t-elle, « car c'est notre langue maternelle. »

Pour en savoir plus sur Living Tongues, cliquez ici.

Pour en savoir plus sur MoveMic, cliquez ici.